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Congo Brazza : L’Affaire des disparus du Beach de Brazzaville

Le 13 mai 2009, la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) titrait:

 » Dix ans après la disparition de centaines de Congolais, les victimes et leurs proches continuent de réclamer la vérité et la justice « … et d’ajouter :  » Dix ans après les disparitions à grande échelle survenues au port fluvial du Beach de Brazzaville, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), la Ligue française des droits de l’Homme (LDH), l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) et le Collectif des parents des disparus du Beach de Brazzaville appellent à l’établissement de la vérité et à l’obtention de la justice pour les victimes et leur famille « 

– rappel –

Entre avril et juin 1999, des Congolais (du Congo-Brazzaville) réfugiés du fait de la guerre civile dans la région du Pool ou en République Démocratique du Congo (RDC), sont revenus vers Brazzaville par le port fluvial, suite à la signature d’un accord tripartite entre la RDC, la République du Congo et le Haut Commissariat aux réfugiés, définissant un couloir humanitaire censé garantir leur sécurité. À leur arrivée à Brazzaville, des centaines de personnes ont été arrêtées par des agents publics pour interrogatoire et ont disparu, sans que l’on sache, encore aujourd’hui, ce qui leur est arrivé.C-Retro-Actuel Magazine a profité de la visite d’Omer Kande, Président de l’Anaddem-F, ONG de défense des droits de l’homme basée à Kinshasa, (l’un des six membres résidents en Europe, les neuf autres vivant en RD-Congo). L’Anaddem-F est retenue en qualité de témoin à décharge dans la procédure des disparus du Beach en France.

Selon Omer Kande, l’affaire des disparus du Beach, comme l’expliquent les parties civiles, particulièrement la FIDH et l’OCDH, a existé en mai 1999. Les réfugiés congolais auraient disparu à leur retour à Brazzaville dès leur arrivée au Beach.

Omer Kande, nous rappellera d’abord les faits, c’est-à-dire en date du 10 avril 1999 à Kinshasa, un accord entre les deux Congo et le HCR avait été signé pour le rapatriement volontaire des réfugiés congolais au Congo Brazzaville. Le réfugié individuellement, en groupe ou en famille selon leurs affinités dans leur pays d’origine, signait une déclaration de bonne foi auprès du HCR dans leurs sites respectifs. Après la signature de la déclaration de bonne foi, le HCR établit un manifeste d’embarquement ou de départ, en précisant la date de départ du candidat, du groupe ou de la famille. Le jour du départ, le HCR procédait par un appel nominal des candidats.

Et au regard de la liste de 353 disparus, les dates de disparitions sont comprises entre fin avril et début juin. Entre fin avril et début juin, il y a eu 12 traversées. ( En avril, 8 en mai et 2 en juin).

Donc, le réfugié supposé disparu au Beach devait figurer dans la déclaration de bonne foi et dans le manifeste d’embarquement au départ de Kinshasa. Mais ce qui est curieux dans les faits, selon Omer Kande, c’est que :
• Plus de 90 % des disparus ne figurent ni dans la déclaration de bonne foi ni dans les manifestes d’embarquement (316 sur 353 disparus).

• Plusieurs disparitions des personnes interviennent à des jours qui ne correspondent pas aux dates contenues dans le calendrier du rapatriement du HCR;

• D’autres personnes déclarées disparues figurent dans d’autres listes des dis- parus déjà publiées avant mai 1999 par cités comme ayant été enlevées et tuées ZA-NDOUNGA, où certaines personnes dans le rapport de charniers de MBAN- la FIDH et l’OCDH, comme par exemple à Mbanza-Ndounga par les cobras réap- paraissent dans la liste des disparus du beach quelques mois plus tard;

• Certaines personnes supposées être enlevées par les Cobras dans des quartiers sud de Brazzaville, selon les anciens rapports de violations des droits de l’homme, publiés par la FIDH et l’OCDH à des époques autres que les événements du Beach, reviennent dans la liste des dis- parus du Beach ;

• D’autres personnes mortes pendant les événements de 1997 et 1998 au Congo, ont été également citées dans la liste des disparus du Beach;

• D’autres, même en étant exhumées et inhumées par la Croix-Rouge au Congo en août 2003, figurent dans la liste des disparus ;

Janvier 1999, donc, 4 mois avant l’affaire Burkina-Faso…) à partir de Kinshasa en Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Mali, • D’autres réfugiés, réinstallés en Afrique des disparus du Beach figurent dans la liste des personnes disparues;

• D’autres personnes supposées dispatcher rues à Pointe-Noire, citées dans certains rapports par la FIDH et l’OCDH dans des circonstances autres que le Beach, ont été reprises dans la même liste des 353 ;

• Et pour couronner tous ces mensonges et montages, plusieurs personnes encore en vie en RD-Congo ont été citées par plusieurs dizaines dans la liste des disparus du Beach. Tous ces éléments à décharge sont en notre possession. Pour avoir refusé en 2002 de pactiser avec la FIDH contre le Président Denis Sassou Nguesso, Omer Kande nous révélera que leur ONG est diabolisée par cet organisme et que tous les 16 membres de l’Anaddem-F ont décidé de défendre la vérité jusqu’au bout. Dire la vérité, c’est leur objectif en tant qu’ONG de défense des droits de l’homme.

En ce qui concerne la mission des Nations-Unies, l’Anaddem-F rappelle que cette nième procédure de la FIDH et de l’OCDH n’est ni gratuite ni anodine. Elle servirait à obtenir des Nations-Unies des condamnations diplomatiques et politiques contre le Congo, voire même la création d’un tribunal spécial sur les crimes au Congo. Parce que l’idée d’un tribunal spécial au Congo a été évoquée il y a quelques années par la FIDH.

Les accusations contenues dans le rapport du Groupe de Travail sur les Disparitions Forcées ou Involontaires depuis 2005 portent sur 80 personnes supposées disparues au Beach et non 353 comme évoqué au départ. Cette liste, nous l’avons analysée en avril 2008 à Genève, à la Commission annuelle des droits de l’homme. Elle est bourrée de mensonges et contradictions comme celle de 353. Juste un petit aperçu de cette liste.

– 55 personnes sur 80 ne sont ni dans les déclarations de bonne foi ni dans le manifeste;
– Sur les 25 restants, une dizaine des gens sont en vie;
– 4 à 5 noms ont plusieurs lieux de disparition;
– Il ne resterait que 2 ou 3 personnes sur lesquelles nous n’avons pas d’information.

CONCLUSION : Partant de 80 disparus pour en arriver à 2 ou 3. Pourrions-nous dire que la thèse des dis- parus tiendrait ? Nous pensons que non.

Omer Kande nous rappellera la Procédure en France :  » Nous sommes retenus témoins à décharge, pas pour un cas ni pour un aspect dans la procédure, mais sur tous les aspects de la procédure et sur l’analyse de tous les 353 cas des disparus. » Donc, nous serons là dès la première minute des confrontations entre les parties jusqu’au dernier jour de la procédure. Nous devrions nous dis- ponibiliser pour le Juge d’instruction. Ceci pourrait durer 2 à 3 ans parce que c’est une affaire criminelle. À ce jour, plus de 90% d’éléments à décharge en France proviennent de nous. Nous avons travaillé avec presque toutes les institutions des droits de l’homme à travers le monde pour faire passer notre message à ce sujet. « 

Omer Kande vient de passer 6 mois à Brazzaville. Notre ONG a été sollicitée par le Ministre de la Justice pour faire partie de la commission de travail qui réfléchit sur les 3 procédures en cours. Il affirme avoir participé à ces séances de travail pendant quelques jours, et que l’Anaddem-F travaille sur cette affaire depuis 8 années.  » Nous disposons de tous les éléments de défense au sujet de la liste de 80 disparus détenue par la mission des Nations-Unies qui devrait arriver au Congo, poursuivra Omer Kande…  » Nous ne cesserons jamais de faire quelque chose pour faire triompher la vérité dans cette affaire. Et dorénavant, nous ne baisserons pas les bras pour faire entendre notre cause…  » conclura Omer Kande.

■ Propos recueillis par Tito Kanza –

Cretroactuel Magazine – OCTOBRE/NOVEMBRE 2010 – p10


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