» Il n’est jamais trop tard pour devenir celui que l’on a endormi au fond de soi. » Ou le parcours d’un homme ordinaire des rues de Dakar jusqu’aux pages du Larousse illustré. » Qui ne connaît le combat fratricide qui peut avoir lieu entre ses rêves d’enfant et le bon sens, voire la dure réalité de la vie. Par obligation, peur ou facilité, combien d’astronautes, chanteurs ou sportifs de haut niveau ne se sont réveillés docteur, plombier, voire juste amers et écrasés par le poids de ce qu’ils n’ont pas été ?
Mais il est des destins faits pour être contés, des vies qui semblent droits sortis d’un film hollywoodien et que l’on préfèrerait telles pour ne pas avoir à jeter nous-mêmes un regard sur nos » j’aurais pu » !
Ousmane Sow est né à Dakar en 1935 d’une mère Saint – Louisienne et d’un père dakarois de trente ans son aîné. Sculptant depuis l’enfance, il devient kinésithérapeute parce que très jeune, son père l’a rendu conscient de ses responsabilités.
C’est une jolie victoire pour le gamin des quartiers chauds de Dakar que d’avoir son propre cabinet en France. Il fait la fierté de sa famille. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais le spectre de la sculpture n’est pas si facile à étouffer, il est toujours là qui rôde au fond de lui, et durant les vingt années où il exercera le métier de kiné, Ousmane le nourrira, l’influencera grâce à la connaissance et l’approche du corps humain que lui apportera chaque muscle ou ossature qui passera sous ses doigts.
À l’âge de cinquante ans, c’est le réveil, et Ousmane s’autorise à se consacrer entièrement à la sculpture.
Il s’attache à représenter l’homme, travaille par série et s’intéresse aux ethnies d’Afrique, puis d’Amérique. Puisant son inspiration aussi bien dans la photographie que dans le cinéma, l’histoire ou l’ethnologie, son art retrouve un souffle épique que l’on croyait perdu ; l’art de la grande statuaire occidentale et les pratiques rituelles africaines.
Le spectre, endormi depuis une si longue période, avait tellement de choses à rattraper.
Révélé au Centre culturel français de Dakar en 1987, à 52 ans, Ousmane Sow est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands et des plus rentables sculpteurs contemporains. Son exposition sur Le Pont des Arts à Paris au printemps 1999 a attiré plus de trois millions de visiteurs.
Son travail a été exposé à travers le monde. En 1989, le président François Mitterrand lui commandera trois œuvres pour le Bicentenaire de la Revolution française. Et il ne sera pas le seul : le Comité International Olympique, La Croix-Rouge, le gouvernement sénégalais ou diverses grandes galeries japonaises seront commanditaires d’œuvres. Ousmane a été nommé Officier de la Légion d’Honneur en janvier 2006 par Monsieur André Parant, Ambassadeur de France à Dakar…
Il était une fois un rêve d’enfant que l’on a réveillé…
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