ibocko préfet de la cuvette
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Entretien avec Ibocko – Onangha Pierre Cébert 

Préfet du département de la Cuvette

L’équipe de Cretroactuel a été reçu durant plusieurs jours par le préfet Ibocko – Onangha Pierre Cébert. Nous avons eu l’occasion de visiter tout son département de la Cuvette. Lors de l’entretien, Il présente d’emblée son département sans tergiversation.

Ibocko – Onangha Pierre Cébert : Du point de vue historique. Après l’indépendance de 1960, l’administration post coloniale avait conservé la dénomination des circonscriptions sur les hydronymes et les accidents de relief. Ainsi, la région de la Likouala – Mossaka doit son nom à la rivière qui recouvre entièrement le bassin.

Soulignons que lors du découpage administratif de 1964, Fort-Rousset était le Chef-lieu de la préfecture dénommée « Equateur » avec comme districts : Fort -Rousset, Makoua, Kellé.

Olivier Kanza Tito s’entretenant avec Le préfet Ibocko – Onangha Pierre Cébert. © CopyrightCretroactuel.com

Deux préfectures avaient été créées, consacrant à cette époque le dénombrement de la Likouala-Mossaka : « Mossaka », Chef-lieu Mossaka avec comme districts, Mossaka et Loukolela et « Alima » Chef-lieu Boundji avec comme districts Boundji, Ewo, Okoyo.

La préfecture de la Cuvette © CopyrightCretroactuel.com

Le découpage de 1969 créa des entités plus grandes avec neuf (9) régions subdivisées en districts, communes et postes de contrôle administratifs.

Ainsi, naquit la région de la Cuvette, Chef-lieu Fort-Rousset avec comme districts : Fort-Rousset, Boundji, Okoyo, Kellé, Makoua, Mossaka, Loukolela et comme PCA, Oyo, Ngoko, Mbomo, Ntokou, Etoumbi et Tchicapika. Le découpage administratif de 1984 conserva la structuration du Congo en neuf (9) régions. La Cuvette eut désormais comme chef-lieu Owando avec districts, Owando, Boundji, Okoyo Kellé, Makoua, Mossaka, Loukolela, Oyo et comme PCA, Ngoko, Mbomo, Ntokou, Etoumbi, Tchicapika. C’est le 28 avril 1975 lors du conseil régional tenu à Makoua qu’eut lieula débaptisation de Fort-Rousset (fondé en 1903 par Babichen) en Owando du nom de l’ancien village. La réforme administrative de 2001 démembra la Cuvette et naquirent deux départements : la Cuvette, chef-lieu Owando avec neufs (9) districts : Owando, Boundji, Makoua, Mossaka, Loukolela, Oyo, Ngoko, Ntokou, Tchikapika et la Cuvette Ouest, chef-lieu Ewo avec six (6) districts, Ewo, Kellé, Okoyo, MbcTmo, Mbama, Etoumbi.

Cretroactuel : Que pouvez-vous nous dire de l’hydrographie de la Cuvette ?

Ibocko – Onangha Pierre Cébert : Le fleuve Alima est navigable toute l’année jusqu’à Boundji. Le Kouyou navigable jusqu’à Owando, prend sa source à Ewo et se jette dans la Likouala – Mossaka. La Likouala-Mossaka navigable jusqu’à Etoumbi pendant neuf (9) mois. Le Fleuve Congo qui constitue une bande naturelle de séparation avec la RDC aborde le département de la Cuvette à partir du confluent de l’alima jusqu’à Loukolela.

Cretroactuel : A combien estimez-vous la population dans votre administration ?

Ibocko – Onangha Pierre Cébert : Elle est de 112.946 habitants inégalement répartis entre les différents sous-groupes MBOCHIS : Ife KOUYOU dans le district d’Owando, les Makoua dans le district de Makoua, les mbochis dans les districts de Boundji, Oyo, Ngoko, les Likouala et les Likouba dans le district de Mossaka, une forte population flottante des tégués est observée un peu partout dans le département.

Cretroactuel : Quels sont les moyens de Communication et Transport ?

Ibocko – Onangha Pierre Cébert : Les routes de la Cuvette sont classées en trois (3) catégories :

– La route nationale : c’est la nationale (RN2) joignant le district d’Oyo – Obouya -Owando – Makoua et la Mambili sur une longueur de 2470Km.

– Les routes préfectorales sont Owando-Boundji; Owando-Oyo et Owando-Makoua.

Cretroactuel : Du point de vue économique, de quelles industries sont abritées dans la Cuvette ?

Le marché moderne d’Owando © CopyrightCretroactuel.com

Ibocko – Onangha Pierre Cébert : La situation économique du Département de la Cuvette est caractérisée par l’inexistence d’industries, l’absence d’activités agricoles à grande échelles, il n’y a que l’agriculture de subsistance qui pratiquée par des paysans isolés. Plusieurs cultures connaissent une commercialisation non organisée et ne bénéficient d’aucun soutien technique et financier. La pêche artisanale est pratiquée dans la zone lacustre de Mossaka et Loukolela. On note un élevage encore faible de bovins, ovins, caprins et volaille. La SNDE pour la distribution d’eau et la SNE pour la fourniture d’électricité connaissent beaucoup de difficultés tant matériel, financier qu’humain qui minent leur fonctionnement régulier. L’approvisionnement irrégulier en carburant les met souvent en rupture.

Cretroactuel : Et la situation sociale ?

Le préfet Ibocko – Onangha Pierre Cébert.et son équipe © CopyrightCretroactuel.com

Ibocko – Onangha Pierre Cébert : Sur le plan sanitaire : Le Département de la Cuvette dispose d’un hôpital général à Owando et de deux hôpitaux de base à Boundji et à Oyo, d’un secteur opérationnel basé à Makoua pour la lutte contre les grandes endémies et de plusieurs centres de santé intégrés. Au regard du fonctionnement des formations sanitaires de Cuvette, du personnel en poste, du matériel de santé et de l’approvisionnement en médicaments, la situation sanitaire du département n’est guère encourageante. Cette situation sanitaire est en outre fortement influencée par le milieu car la Cuvette est en majeure partie est formée de marécages et de forêts. Les marécages sont le domaine des moustiques propagateurs du paludisme et l’eau de la rivière polluée est utilisée comme boisson, ce qui occasionne de nombreux cas de diarrhées, dysenteries…

– Sur le plan de l’éducation : L’enseignement primaire et secondaire s’étend du préscolaire eu second degré avec environ 217 écoles primaires, 34 CEG, 4 Lycées, 4 centres d’éducation préscolaires. L’enseignement technique compte deux (2) lycées, des collèges d’enseignement technique à Owando, Boundji, Oyo et trois centres de formation professionnelle à Owando, ENI, EMP, CETF.

Tous ces cycles connaissent de nombreux problèmes relatifs à l’insuffisance d’enseignants, des salles de classe, de tables bancs et du matériel technique. L’enseignement dispensé est beaucoup plus théorique et ne profite pas aux besoins de développement du Département qui ne peut bénéficier du savoir technique de ses propres diplômés faute d’une politique incitative d’installation.

Cretroactuel : Qu’est ce qui fait de la cuvette un département à part au Congo ?

Les panneaux de direction © CopyrightCretroactuel.com

Ibocko – Onangha Pierre Cébert : A priori, il n’est pas bon de parler de département à part au Congo au moment où le Chef de l’Etat prône la paix et l’unité nationale. Néanmoins cela peut être entendu comme une particularité que peut avoir un département de même que les jumeaux ne sont pas toujours identiques. Que puis-je répondre à votre question ?

L’étude des réalités départementales de la Cuvette fait ressortir des grandes potentialités naturelles sur le plan économique. La nature a offert à la Cuvette des possibilités énormes dont on ignore la portée : argile, bois, terre cultivable, fleuves, pluviométrie abondante, vaste réseau de communication…

Cretroactuel : Quel regard portez-vous sur son développement ?

Parc Mombo Beach

Ibocko – Onangha Pierre Cébert : D’emblée je dirais que le regard que je porte sur son développement c’est la mise en valeur de ses potentialités :

– Le développement de l’agriculture : Le Département de la Cuvette dispose d’un vaste étendu de terre cultivable avec un sol assez riche en matière organique et au potentiel hydrogène (PH) une pluviométrie abondante étalée sur presque toute l’année conférant à la Cuvette un réseau hydrographique dense et varié.

– le vaste réseau de communication et de transport qui se développe dans le département va permettre une meilleure circulation des personnes et des biens.

– l’argile que l’on trouve dans les districts de Makoua, Loukolela, Boundji et Owando servirait à la fabrication de la brique cuite.

– la forêt regorge d’essences non identifiées et actuellement non exploitées qui pourraient servir à la fabrication des chevrons et des lattes.

– la savane est propice à l’élevage qui commence à prendre corps dans le département avec l’exemple donné par le Chef de l’Etat dans le district d’Oyo.

– le domaine de la pêche continentale couvre les districts de Mossaka et Loukolela et la partie est des districts d’Owando, Makoua et Oyo.

– la chasse se pratique dans toutes la Cuvette particulièrement dans les zones forestières, au nord de Makoua.

Cretroactuel : Qu’est-ce qui fait la réputation des districts de Makoua et Mossaka ? En quoi se différencient-ils des 7 autres districts ?

S’il est aisé de répondre à la première partie de votre question, la seconde question me paraît quelque peu tendancieuse car en tant que père du département je ne puis donner de jugement de valeur sur mes enfants que je porte tous.

• MAKOUA, chef-lieu de district apparaît dans l’histoire plus comme  » métropole » intellectuelle autant que Fort-Rousset ces deux villes eurent le bonheur d’attirer la jeunesse de toutes les régions septentrionales du Congo. Makoua avec son séminaire : le petit séminaire Saint Pie X ; son juvénat et son collège : le collège Champagnat tenu par les frères marianistes (d’origine canadienne) qui devint lycée Salvador ALLENDE après la nationalisation de l’enseignement en 1965. Et Fort-Rousset avec son école publique régionale son école catholique diocésaine jusqu’à la nationalisation de l’enseignement peuvent s’enorgueillir d’avoir donné au Congo depuis l’indépendance, les cadres intellectuels dont bon nombre ont exercé et exercent encore aujourd’hui de hautes fonctions politiques ou administratives au plan national et international. Makoua c’est aussi et surtout l’équateur qui y passe.

• MOSSAKA est une métropole économique dans l’histoire de la Cuvette congolaise. Si sa vocation de ville s’impose grâce à l’initiative des frères Tréchot ses atouts ne passèrent pas inaperçus aux divers explorateurs et administrateur de la fin du 14è siècle qui n’eurent de cesse de louer sa position géographique « village bâti sur un nœud de rivières » porte d’entrée et de sortie de la région, plaque tournante, carrefour de toutes les voies navigables.

Cretroactuel : le département a bénéficié de la « Municipalisation accélérée « . Quel impact celle-ci a-1- elle eu sur les infrastructures et sur l’économie du département ? Quels districts en ont bénéficié le plus ? Quelle a été d’après-vous la principale réalisation ? A combien se sont élevés les investissements dans la Cuvette ?

Ibocko – Onangha Pierre Cébert : Trop de questions à la fois, je ne donnerai qu’une réponse globale.

Le Département de la Cuvette est en 2007, le quatrième champ de la municipalisation accélérée. On peut noter la modernisation des infrastructures et donc l’amélioration du réseau de communication et des transports (routes Obouya-Owando, Owando-Makoua. Mambili, Obouya-Boundji-Okoyo-frontière Gabon etc.). Ceci vient améliorer les échanges et l’écoulement des produits agricoles, de pêche et d’élevage…

Il y a eu entre autres, le renforcement des capacités d’approvisionnement en eau potable et de distribution de l’énergie, l’aménagement des infrastructures de transport (routes, ponts, ports aéroports) la modernisation des édifices publics (écoles, hôpitaux, centres de loisirs etc.).

Enfin, le département de la Cuvette a connu un essor réel avec la municipalisation accélérée : essor dans les infrastructures ; essor dans les structures ; essor au plan économique avec l’incitation à l’initiative individuelle et essor au plan moral.

Les faits sur le terrain sont très éloquents et offrent aux populations des motifs réels de joie. Dans tous les districts, des travaux d’aménagement et de réhabilitation sont exécutés : voiries bitumées, édifices publics construits ou réhabilités, le système d’adduction d’eau et le réseau électrique renforcé et autres travaux multisectoriels engagés.

Cretroactuel : La Cuvette est aujourd’hui regardée sous la présure de l’exploitation pétrolière. Quel est le potentiel pétrolier de ce département et quels en sont les principaux acteurs ?

Ibocko – Onangha Pierre Cébert : Dans le bassin intérieur du département de la Cuvette des travaux exploratoires sont réalisés par l’association SNPC – Pilatus sur le permis Ngoki, un des neufs blocs de ce bassin.


Propos recueillis par Pamela MUKENDI et Tito Kanza

Cretroactuel.com

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