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Freddy Kebano: La diversité de tribus implique une grande richesse culturelle.

Une des grandes qualités qui lui est attribuée : c’est le professionnalisme et la simplicité impressionnante qui vous accueille dans son studio « Green Hill ». Freddy Kebano, un « self-made man », qui connaît la musique. 

Auteur-compositeur et Ingénieur de son, il a travaillé à la société congolaise de disque (SOCODI). À la cessation des activités de cette société, il est entré à l’Industrie Africaine de Disque (IAD). Au sein de cette dernière, il a mis ses fines compétences techniques à l’enregistrement des œuvres musicales des auteurs-compositeurs zaïrois et congolais. Tout au long de sa longue carrière, il a remarquablement allié la rigueur requise par son métier avec sa passion pour la musique. Il est actuellement le plus sollicité des techniciens de son que compte le Congo.

Freddy Kebano est une longue histoire !

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Freddy Kebano, sontravail artistique est toujours récompensé

Connu en tant que journaliste, animateur d’antenne de radio et ensuite de télévision, ou il a animé pas mal d’émissions culturelles. Parallèlement à cela, il n’avait qu’un hobby : la musique et jusqu’à devenir musicien en autodidacte. Apprenant tout seul certains instruments comme la guitare, le piano, la voix bien qu’elle soit innée pour tout Africain. Et depuis, il est devenu arrangeur musical et travaille avec des gens comme les Souzy Kaseya, un extraordinaire arrangeur.

Il a alimenté certaines œuvres de célébrités comme Papa Wemba, Koffi Olomide, Bela-Belo, Abeti Masikini, dont j’ai été musicien… Disons, Freddy Kebano a fait un peu de tout dans la vie sauf à être producteur. Il est un artiste, un musicien !

Son environnement, c’est la musique. À côté de tout cela, il y a un autre Freddy Kebano qui a été connu sous le label de microbiologiste des hôpitaux. Il fait des études de biologie médicale ponctuée par un diplôme de l’O.M.S. une fois revenu au pays, il pratique pendant quelques années, mais l’attirance du monde musical a été plus forte. Il abandonne tout pour se consacrer uniquement à la musique, là où les germes sont beaucoup plus gais.

Pour ceux qui ne le connaissent pas, Freddy Kebano est installé en ce moment au Congo, à Brazzaville. Il a un petit studio d’enregistrement le « Green Hills Studio », qui a beaucoup d’adeptes et de clientèles de renom. C’est dans ce studio que Koffi l’a découvert et ils ont réalisé l’album « Magie ». Ainsi, il a connu pas mal d’artistes comme le défunt Madilu System qui a enregistré avec Pamelo. Un grand souvenir pour Freddy Kebano. Freddy Kebano est un rebelle. Il ne suit pas le courant musical réellement, car il est de ceux qui font de la musique d’expression, la musique qui sort des tripes. Musique qui ne soit pas forcément une musique commerciale qui répond à des critères correspondant au temps, à la mode… Il y a des concepts qui ne vont pas très bien avec l’inspiration. Alors, il ne fait pas vraiment de la musique pour vivre. Dans son studio, il travaille pour certaines personnes et cela le fait vivre. 

Freddy Kebano dans son studio d’enregistrement le « Green Hills Studio », @cretroactuel.com
Freddy Kebano dans son studio d’enregistrement le « Green Hills Studio », @cretroactuel.com

Sa propre musique le fait vivre beaucoup plus spirituellement que physiquement. Une musique futuriste pour les uns, dépassés pour les autres, mais elle ne cadre pas forcément avec l’actualité. Il passe du jazz aux expressions de musique d’atmosphère, de musique d’expression spirituelle… Il possède un panel assez important dans sa tête et quand il lui arrive d’être seul et qu’il soit sensible à certaines choses, il se met sur son piano et avec l’actualité aidant, il fait sa musique.
Lorsqu’il travaille pour les autres, il se met à leur diapason et au niveau de leur compréhension. Pour lui, la musique commerciale a ceci de redondant, c’est cette monotonie que l’on retrouve tant que la mode est là. On se met dans celle–ci et on n’en sort point jusqu’à ce que les gens soient fatigues. Et on crée autre chose.
Freddy Kebano a subi plusieurs influences et en plusieurs étapes.
La première, par la musique occidentale, et même d’outre-manche puisqu’il y a grandi. La musique des USA où il avait des idoles telles que Jimmy Hendricks…
Mais à l’époque, il se mettait sous sa lignée et chantait en anglais. À son retour au pays, il continue comme ça. Il avait un groupe dans lequel ils interprètent les chansons des Beatles, car c’était la «  beatlemania ».
C’est en 1974 que lui vient le déclic. Se disant que son identité n’est pas celle de l’occident. « Comment est-ce que mon père écoute une autre musique et moi une autre ? Je commence à écouter les chansons que mon père écoutait : de la rumba de l’époque, de l’ok jazz, africain jazz… ». 

C’était dur au départ de faire cette reconversion, mais il avait cet atout d’aimer écouter toutes les musiques.

Et en cette année 74, sa décision était prise de ne plus faire de la scène musicale mais de se lancer dans la recherche musicale. Kebano était à la recherche de son identité.

Mais il ne rejette pas tout. Il rejetait la forme mais pas le fond c’est-à-dire la technique. Pour certains il devient un grand musicien mais autodidacte, forme a utilisé des artifices occidentaux mais qui font partie aujourd’hui d’un standard mondial de la musique.

Aujourd’hui, l’on joue des instruments qui ne sont pas africains tels que la guitare ou le piano bien que nous ayons nos propres instruments africains. Avec ses instruments occidentaux tout un chacun en tire avec des sensibilités et des expressions plus africaines qu’occidentales.

Lors des festivals africains, les artistes sont obligés de louer des instruments en occident. L’Afrique n’a pas fait cet effort d’abord de créer un musée panafricain contenant toutes les ressources de cette base de nos traditions à travers la musique. Tel a été le premier objectif du festival panafricain le FESPAM.

« Nous avons la chance dans les deux Congo d’être multi tribal. La diversité de tribus implique une grande richesse culturelle renfermant des essences incroyables. Malheureusement les politiques se servent de ces différences pour diviser au lieu d’exploiter celle-ci comme étant une richesse nationale. » 

Kebano considère qu’il a un apport très modeste mais n’a pas la conviction d’avoir beaucoup avancé. Si on lui demande d’avoir la vision de ce qu’est l’artiste africain ou qui se reconnaisse africain, il irait tout de suite vers un grand ami : Ray Lema. Il restera peut-être un incompris bien qu’il soit dans la ligne de l’africanité musicale. C’est un garçon qui se vend bien en Europe.

Et ce qui se vend bien en Europe, ce qui vient d’Afrique et vice versa. On appelle cela la mondialisation culturelle.

L’Afrique est devenue un occident en marche alors qu’elle a une grande histoire. Et celle –ci l’occident l’a présenté dans un premier temps de la colonisation comme étant une histoire obsolète et d’indigène ou le mot indigène est pris dans son sens le plus péjoratif. Et de surcroit, malheureusement, l’africain a honte d’être africain.

Et rares sont les dirigeants qui comme, Sekou Toure et Mobutu, pour ne citer que ceux-là, s’il ne veut pas citer un Che Guevara africain qu’était Thomas Sankara… Tous ont été traités de dictateur. Mais lorsqu’on regarde bien, leur parcours dans la culture, ils ont fait des choses incroyables. Et personne ne le reconnait même pas les africains.

C’est dommage et je sais qu’au Zaïre dans le temps, à chaque vol d’Air Zaïre, dans les soutes des avions, il ne manquait jamais des livres et des cassettes réalisées par des Zaïrois. Dans les ambassades, les attaches culturels devenaient des « marketeurs » afin de présenter le miroir du Zaïre.

Sekou Toure a protégé la culture de la Guinée. Il a été à la base du premier orchestre national de Guinée, il a créé le bureau de droits d’auteurs pour qu’ensuite tous les Guinéens puissent jouir de ce qu’ils produisent.

Ce qui est curieux est que tous les dictateurs ont été les précurseurs culturels et ont remporté une victoire sur l’identité africaine. Qu’ils ne fassent pas la politique comme les Français l’ont voulu ça c’est autre chose !

Freddy Kebano ajoute encore que :

« La force est de constater, que l’Afrique est devenue le petit occident. Nous sommes le reflet des colonies et des colonisateurs ».
Il incite tous les dirigeants africains à revenir à notre modestie, à la table de « Palabres » et que nous reconnaissons que nous sommes des Africains et que l’Afrique a des potentialités énormes.

TKO


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