La Conférence Épiscopale Nationale du Congo (Cenco) était ce lundi 16 décembre 2019 face à la presse à son siège à Kinshasa/Gombe. Il était question de présenter le bilan de l’application de la gratuité de l’enseignement de base, trois mois après sa mise en application par le Chef de l’État, conformément à l’article 43 de la constitution.
Et bien, la Cenco salue les efforts fournis par le gouvernement de la République démocratique du Congo dans l’application de cette mesure et félicite toutes les autorités impliquées dans sa mise en œuvre.
Des avancées
1) Un afflux massif des enfants jadis déscolarisés ou dont les parents furent essoufflés par le paiement des frais de motivation.
2) L’augmentation des salaires des enseignants des établissements publics.
3) L’augmentation des frais de fonctionnement des écoles primaires.
4) La suppression des frais de motivation à tous les niveaux (maternel, primaire et secondaire).
5) La suppression des autres frais scolaires au niveau primaire.
6) 649 soit 71,4% des enseignants des écoles conventionnées catholiques sont payés.
7) 565 écoles conventionnées catholiques soit 70,7% sont mécanisées et budgétisées.
Les défis
1) 698 soit 9,7% des enseignants ne sont pas payés (NP).
2) 138 soit 18,9% des enseignants sont des Nouvelles unités non enregistrés, par conséquent, non payés.
3) 898 soit 11,6% des écoles sont mécanisées mais non budgétisées.
4) 317 écoles soit 8,1% ne sont ni mécanisées ni budgétisées.
5) 330 écoles soit 8,1% sont non agréées mais opérationnelles.
6) 243 écoles soit 1,5% sont agréées mais non opérationnelles.
7) La démotivation des enseignants NP et NU ainsi que tous les agents d’appoint en Provinces (directeurs de discipline, surveillants, sentinelles, secrétaires, ouvriers) qui ne sont pas payés.
8) Grèves passives ou actives des enseignants dont la rémunération est non satisfaisante
9) Difficulté de fonctionnement des écoles non budgétisées par manque de frais de fonctionnement.
10) Effectifs pléthoriques entraînant l’insuffisance des infrastructures.
11) Manque de matériels didactiques et de manuels scolaires particulièrement dans les classes de 7ème et 8ème pour certains cours inscrits au programme.
12) Manque d’équité dans l’octroi des frais de fonctionnement aux écoles et aux bureaux des gestionnaires.
13) L’arrêt de tous les projets entrepris au niveau des écoles, notamment ceux de construction de nouvelles infrastructures et d’équipement.
Recommandations
La Cenco estime cependant que si les efforts fournis ne sont pas soutenus, et que les difficultés relevées ci-dessus ne sont pas pris au sérieux, ce bel élan pris peut facilement être brisé avec le risque de retourner en arrière.
Elle recommande vivement, à cet effet, aux dirigeants de :
(1) Exécuter la promesse du Chef de l’Etat de rémunérer les N.P en Janvier 2020 ;
(2) Rassurer les NU qu’ils seront payés avec effet rétroactif pour les motiver,
(3) Identifier les écoles mécanisées et non budgétisées, aussi celles non mécanisées et non budgétisées et procéder au payement de leur frais de fonctionnement ;
(4) Exécuter la promesse du Chef de l’Etat de mettre fin au moratoire de création des écoles, par l’harmonisation de la carte scolaire et la révision des structures des classes ;
(5) Prendre en charge les frais des examens d’Etat afin d’éviter la corruption et d’encourager la rigueur dans ces épreuves, et mettre en place un comité d’organisation indépendant au niveau national et provincial, comprenant tous les partenaires éducatifs ;
(6) Mettre en place un plan de construction et de réhabilitation des écoles.
(7) Assurer l’équipement en bancs et en outils didactiques ;
(8) Procéder à la suppression ou à la fusion des bureaux gestionnaires pléthoriques et budgétivores créés en dehors des normes ;
(9) Procéder à la réforme urgente du Service de contrôle de la paie (SECOPE) pour garantir la transparence du fichier du personnel enseignant et la traçabilité des fonds mis à sa disposition;
(10) Promouvoir efficacement l’éthique par le contrôle et l’application rigoureuse des sanctions administratives et pénales en cas de pratiques de monnayage des actes éducatifs ;
(11) Interdire les interventions intempestives de l’ANR, des partis politiques et autres services spéciaux dans les écoles.
La gratuité de l’enseignement primaire doit être irréversible. La Cenco s’est dit disposée à apporter sa contribution dans la recherche des solutions pour surmonter les principales difficultés qui risquent de compromettre la réussite de cette politique de gratuité ou de contribuer à la baisse du niveau de l’enseignement qui est déjà déplorable, à savoir : le non-paiement des enseignants qui prestent depuis septembre ; l’insuffisance des salaires qui, pour certains, sont sensiblement revus à la baisse.
Le prochain Comité Permanent des Evêques membres de la Cenco qui se tiendra en février 2020 se penchera particulièrement sur ces questions qui attendent des réponses concrètes.
Clément Muamba
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