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La FIDH et d’autres organisations de la société civile pour le maintien des sanctions de l’UE contre 14 proches de Joseph Kabila

Près d’un an après l’alternance présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), la majorité des hauts responsables de l’ère Kabila sous sanctions européennes sont restés à leurs postes ou dans la sphère politique et sécuritaire. Aucune mesure judiciaire à leur encontre n’a été prise par de nouvelles autorités, alors que certains sont soupçonnés d’être responsables de graves crimes.

C’est pourquoi les organisations de la société civile dont la FIDH ont, dans un communiqué rendu public vendredi 29 novembre 2019, demandé à l’Union européenne de maintenir et prolonger les mesures restrictives qui arrivent à échéance le 12 décembre 2019, contre 14 hauts responsables, et demandent aux autorités congolaises de prendre des mesures judiciaires à leur encontre.

Ces 14 personnalités qui voient leurs avoirs gelés et sont interdits de visa pour l’Union européenne (UE) depuis quelques années, continuent à occuper des fonctions clefs dans l’appareil d’État politique et sécuritaire congolais, tout en jouissant d’une totale impunité pour les violations graves des droits humains dont ils sont présumés responsables et en raison desquelles l’UE a adopté des mesures restrictives à leur encontre.

Parmi ces personnalités, il y a le chef d’État-major adjoint de l’armée, l’Inspecteur général de l’armée, le Directeur des écoles de formation de la police, ou encore l’Assistant principal du chef de l’État en matière de sécurité. Ces individus, d’après ces organisations, demeurent en position d’influencer les orientations et mesures politiques et sécuritaires prises par les nouvelles autorités, que ce soit par leurs fonctions à la tête des entités opérationnelles ou au sein des instances politiques et législatives du pays.

« Dans le contexte actuel de transition politique en RDC, la levée précipitée des sanctions risque d’être interprétée comme une caution à l’impunité généralisée et comme un abandon du soutien aux victimes des répressions politiques sanglantes de l’ancien régime. Elle affaiblirait grandement les pressions internationales à l’égard des autorités actuelles, qui visent à ce qu’elles s’engagent à instaurer un État de droit enfin respectueux des valeurs démocratiques », insiste Dismas Kitenge, président du Groupe Lotus.

Si des signes encourageants sont à noter depuis l’arrivée au pouvoir de Félix-Antoine Tshisekedi le 24 janvier 2019, notamment la libération de plusieurs prisonniers politiques et le retour d’exil de certains opposants, la transition politique en RDC se poursuit lentement, le contexte sécuritaire reste fragile, et le renforcement de l’État de droit demeure très inachevé, notent ces organisations.

Pire, de nombreuses violations des droits humains et des atteintes à l’espace démocratique, notamment l’usage disproportionné de la force, ont continué à être commises tout au long de l’année 2019 par des membres des Forces armées de la RDC (FARDC) et de la Police nationale congolaise (PNC). Ces violations se sont déroulées sur l’ensemble du territoire congolais, sous le commandement ou l’autorité de certains de ces individus.

Tant qu’ils n’auront pas été écartés de fonctions influentes au sein des appareils politiques et sécuritaires, il est à craindre que des violences surgissent, notamment lors des élections locales qui devraient prochainement avoir lieu en RDC, et alors que de fortes tensions communautaires continuent d’agiter certaines zones du pays.

« Les sanctions ciblées doivent être maintenues », exige Jean Claude Katende de l’Asadho, ajoutant que, « pour qu’elles soient levées, il revient aux autorités congolaises de s’assurer que ces individus cessent d’exercer une influence dans la sphère politique congolaise, y compris par le biais de poursuites judiciaires à l’encontre des personnes soupçonnées d’avoir planifié, dirigé ou perpétré certains des principaux crimes de masse et violences des dernières années ».

MUAMBA MULEMBUE


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