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La société civile sud-africaine invite Pretoria à se désengager du projet Inga 3

Mme Siwiri Mota, Emmanuel Musuyi et Mme Mignonne Mbombo, respectivement Représentante de International Rivers, Délégué du Corps et membre de l’Ong Femmes Solidaires (FESO) et Secrétaire technique de la Coalition des organisations de la société civile pour le suivi des réformes et de l’action publique (CORAP), ont présenté à Kinshasa le rapport de la société civile sud-africaine sur le projet Inga 3.

Dans ce rapport, les forces vives sud-africaines invitent leur gouvernement à se désengager du projet Inga 3 jugé trop cher. Ils ont fait part du coût exorbitant du projet du retard constaté pour sa mise en oeuvre et du dépassement de la facture.

Pour les orateurs du jour, les projets hydroélectriques sont particulièrement exposés aux retards, en partie parce qu’ils ont des impacts sociaux et environnementaux importants et irréversibles qui suscitent l’opposition, créent la controverse et bloquent les progrès.

Inga 3 a été retardé d’environ huit ans et est dans le pipeline depuis des décennies. Le projet devait commencer à fonctionner en 2020/2021, mais il a ensuite été reporté à 2024/2025.

Bien que des rapports récents suggèrent que la construction devrait commencer fin 2021, le statut du projet, y compris le financement, sont très incertains. Ce qui signifie, en réalité, qu’il pourrait être en attente indéfiniment, notent-ils.

Ils signalent que les déplacements sont dus aux lignes de transmission. Ce qui constitue le risque qu’Inga 3 et ses lignes de transmission entraînent des déplacements, des conflits sociaux et des problèmes de droits de l’homme, en RDC et surtout en Afrique du Sud.

S’agissant des impacts sur l’utilisation finale, Mme Siwiri Mota, Mignonne Mbombo et Emmanuel Musuyi ont fait savoir que l’énergie d’Inga 3 serait envoyée au secteur minier du Katanga ou exportée vers l’Afrique du Sud, avec un peu plus de 20% alloués aux résidents de Kinshasa et de ses environs.

Dans ce rapport, la société civile Sud-africaine a brossé brièvement les impacts négatifs de cette allocation en RDC et en Afrique du Sud avant d’examiner les impacts positifs par rapport aux alternatives.

Ils signalent qu’en RDC, l’énergie d’Inga 3 est destinée aux endroits qui bénéficient déjà de niveaux d’électrification relativement élevés.

Selon le rapport de ces trois organisations, 19% de la population de la RDC a accès à l’électricité, mais à Kinshasa, ce taux atteint 80%. Ce, bien que l’allocation de 20% d’Inga 3 a des impacts sociaux positifs pour les résidents de Kinshasa et de certaines zones environnantes.

Selon les orateurs, la construction d’Inga 3 aura probablement un impact limité ou nul sur la majorité de la population de la RDC dans le besoin.
Selon leur évaluation, la date la plus probable de début de l’exploitation, si elle n’est pas annulée, serait 2032.

Généralement, ces longs délais vont de pair avec des dépassements de budget.

 » En moyenne, les grands barrages connaissent des dépassements de budget de 33 %. Mais, dans certains cas, les retards peuvent atteindre des décennies et les dépassements de budget des centaines de pourcents », note Mme Mignonne Mbombo.

Un projet trop coûteux

International Rivers et WoMin African Alliance ont publié le rapport INGA 3 : Un prix trop élevé – Une étude des coûtssocio-économiques du barrage Inga 3 pour l’Afrique du Sud. L’étude menée par des experts financiers de la société britannique TMP Systems, fournit la première comptabilité officielle des coûts réels pour l’Afrique du Sud de l’importation d’énergie du projet de barrage hydroélectrique Inga 3 en République démocratique du Congo (RDC).

Ses conclusions sont effrayantes mais claires : l’exploitation de l’énergie hydroélectrique d’Inga 3 serait trop coûteuse et constituerait une véritable catastrophe pour l’Afrique du Sud. L’étude montre que le coût de l’importation de l’énergie d’Inga serait trois fois supérieur au coût actuel de la production d’électricité en Afrique du Sud, et coûterait à l’Afrique du Sud plus de 10 milliards de rands par an par rapport aux alternatives facilement disponibles.

Cette charge supplémentaire pèserait probablement sur les épaules des Sud-Africains ordinaires, en particulier des femmes, en raison de l’augmentation des tarifs et des subventions des contribuables à Eskom.

« Cela devrait être un signal d’alarme clair pour les autorités sud-africaines afin qu’elles abandonnent leurs plans peu judicieux d’importer de l’électricité d’Inga », déclare Siziwe Mota, directrice Afrique à International Rivers. « L’Afrique du Sud doit se retirer du traité avec la République démocratique du Congo (RDC) et embrasser les abondantes ressources solaires et éoliennes locales, au bénéfice de tous les Sud-Africains ».

Selon l’étude, Inga ne créerait pratiquement aucun nouvel emploi en Afrique du Sud, alors que des investissements comparables dans l’énergie solaire et éolienne permettraient de créer 8 096 emplois à temps plein pour les Sud-Africains.

Le rapport met également en garde contre l’insécurité énergétique dans l’avenir de l’Afrique du Sud si les autorités n’agissent pas rapidement pour identifier et investir dans des solutions énergétiques réalistes et rentables.

De même, en RDC, Inga 3 ne contribuerait en rien à réduire la pauvreté énergétique, car l’énergie serait exportée ou utilisée par l’industrie, et non pour fournir l’électricité dont les citoyens congolais ont tant besoin.

Selon Salome Elolo de FESO, « le réservoir d’Inga 3 menace également de déplacer environ 40 000 personnes, dont la majorité perdrait à la fois leurs terres et leurs moyens de subsistance. Ce projet aurait beaucoup plus d’impacts négatifs que d’impacts positifs ».

La phase de construction du barrage ne créerait qu’environ 3 000 emplois temporaires, et seulement quelques centaines d’emplois permanents après son achèvement. Dans l’ensemble, le barrage détruira des milliers d’emplois de plus en déracinant les gens et leurs moyens de subsistance qu’il n’en créera et ne fournira pas d’électricité à la population congolaise.

Les infrastructures à grande échelle comme les méga-barrages, avec leurs énormes dépenses financières, sont particulièrement sujettes à la corruption et Inga 3 est en passe de poursuivre cette tendance tout en permettant à de puissantes entreprises d’exploiter et d’exporter à bas prix les ressources naturelles de l’Afrique.
« Il est clair qu’Inga 3 est une mauvaise idée tant pour l’Afrique du Sud que pour la RDC, à cause de ses impacts. La RDC doit investir dans des énergies propres, durables tel que l’abondant potentiel solaire et hydroélectrique à petite échelle, dont dispose notre pays », déclare Emmanuel Musuyu de la Coalition des organisations de la société civile pour le suivi des réformes et de l’Action Publique (CORAP).

International Rivers et WoMin ont donc écrit aux commissions parlementaires d’Afrique du Sud et aux députés pour demander le retrait immédiat du soutien de l’Afrique du Sud à Inga 3, alors qu’en RDC, de nombreuses ONG travaillent sans relâche pour s’opposer à Inga 3 et présenter des sources alternatives d’énergie renouvelable.

C-RA


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