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RD Congo : La République de l’inachevé

Combien de chantiers faut-il pour le développement de la RDC ? Il en faut plus. Mais avant de les lancer, il est impérieux de réfléchir sur leur finition. Les sages disent mieux vaut la fin d’une chose que son commencement. Ce qui n’est pas le cas pour la RDC qui, de plus en plus, devient experte des chantiers inachevés. Çà et là, à travers les villes et territoires, le pays de Tshisekedi s’illustre par le nombre élevé des chantiers de construction dont les travaux ont été arrêtés.

A qui la faute ?

Qu’il s’agisse de l’État ou des particuliers, tous semblent experts des œuvres inachevées. Mais le plus à indexer est l’État qui, selon certains observateurs, tient la palme d’or en la matière. En effet, les gouvernements de la République, qui se sont succédé depuis 1960, ont lancé plusieurs travaux de construction des édifices publics mais qui ne sont jamais achevés.

En août 2016, le gouvernement Matata a inauguré quelques stades municipaux, construits dans le cadre du projet de construction des stades municipaux de la ville de Kinshasa (PROSTAM). Le chef du gouvernement a inauguré, mardi 2 août, le stade municipal de Delvaux (dans la commune de Ngaliema) et Denis Kambayi, ministre des Sports et Loisirs, a posé le même acte, le samedi 31 juillet, sur le stade municipal de Matete et le mardi 2 août sur celui de Barumbu.

La construction et l’inauguration de ces stades étaient saluées par les amoureux du ballon rond. Ils ont vu en eux un moyen mis à leur disposition pour que les nombreux talents footballistiques communaux puissent s’exprimer et avoir des lieux appropriés de s’exercer au métier de footballeur.

Le constat amer est que le projet s’est arrêté à mi-chemin. D’autres stades ont vu les travaux entamés sur leurs sites s’arrêter. C’est le cas du stade municipal de Bandalungwa qui voit les herbes pousser sur ses murs. Les alentours ou sinon les murs de ces stades sont devenus les véritables urinoirs des Kinois.

Parce qu’il s’agit des stades, le grand temple du football congolais, le stade des Martyrs de Kinshasa, est un chantier inachevé depuis le 14 septembre 1994 où il a été inauguré. Le stade Kamanyola (son nom de l’époque) est un complexe omnisports doté d’une capacité de 80.000 places dont les travaux de construction ont débuté le 14 octobre 1988.

Cependant, cette deuxième enceinte, avec la plus grande capacité du continent, n’a jamais vu tous les travaux prévus se terminer. Même le projet de sa réhabilitation lancé en 2008 n’a pris en compte que les exigences de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) pour que cet édifice réponde aux standards internationaux.

Un autre ouvrage non achevé c’est la tour de l’Échangeur de Limete. C’est le symbole même de la capitale congolaise. Cette tour en béton armé de 210 mètres de hauteur, construite par l’architecte franco-tunisien Olivier-Clément Cacoub, représente un projet appelé à devenir le symbole de la nation congolaise et un site touristique de premier plan. Elle a la valeur de la tour Eiffel à Paris ou de la statue de la Liberté à New-York.

Cependant, les travaux commencés en 1970, bien que déclarés terminés en 1974, n’ont jamais été exécutés à 100%. Ils ont été subitement arrêtés en 1974. L’icône de la capitale et de tout un pays ne l’est que de nom. Même les travaux de rénovation, lancés en 2011, n’ont pas pu donner à la RDC la merveille prévue.

Que dire du projet Rakeen ? Le chef de l’Etat Joseph Kabila a lancé, en grande pompe, en 2008, les travaux de construction des immeubles Rakeen. Un projet ambitieux, dont le coût estimé à 540 millions de dollars, concernait la construction d’un hôtel et de deux tours à la gare centrale et la place de l’indépendance à Kinshasa.

La première pierre posée, les travaux ont bel et bien commencé et devraient être finis le 30 juin 2010. Les Kinois attendront longtemps et en vain la remise de ces ouvrages. Aujourd’hui, l’immeuble de la gare centrale est un chantier non achevé qui a, à un moment, hébergé les enfants de la rue, communément appelés « shégués ».

Les Congolais ont attendu les effets bénéfiques de la fibre optique. Le projet a mobilisé toutes les énergies. Le 18 juillet 2013, la station d’atterrage de Muanda a été inaugurée. Tout le monde était content de voir la connexion Internet haut débit lui parvenir à moins cher. Des attentes déçues car jusqu’aujourd’hui le haut débit est resté chimérique. Les différentes initiatives institutionnelles ont fini par révéler des détournements des fonds destinés à ce projet. Mais l’impunité a trôné.

L’hôpital du cinquantenaire a-t-il satisfait les attentes des Kinois ? La propagande autour de ce projet a vanté la grandeur d’un hôpital qui devait mettre fin aux soins médicaux à l’étranger. Mais de 2010 à 2020, une décennie s’est écoulée et les Congolais ont du mal à fréquenter ce complexe hospitalier. C’est là encore un autre projet d’inachevé.

Qui parle encore du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo ? Etait-il un projet éphémère ? Le comble c’est que les Kinois n’ont eu qu’une semaine seulement pour payer les produits de ce parc. Il est resté une lettre morte sans que personne ne s’en soucie. Autant des projets inachevés qui font de la RDC un champion en chantiers débutés et inachevés et qui ne seront même pas achevés. La crainte de certains observateurs est de voir d’autres projets initiés, à l’instar de la construction des sauts-de-mouton dans la ville de Kinshasa, ne jamais se terminer.


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