Discussion avec Mbilia Bel lors de la célébration du Cinquantenaire de la RDC au Bozar
Cretroactuel : votre avis sur les festivités de l’indépendance de la RDC ?
Mbilia Bel : merci pour la question. Pour moi, c’est une fête pour nous, les Congolais qui se trouvent en RDC ou à l’étranger. Il faut s’encourager. Comme l’a souligné Maïka Munan, c’est le Congo qui est la « Star ». C’est également la fête de deux nations : la Belgique et le Congo. La Belgique est venue fêter chez nous et nous venons aujourd’hui en Belgique. Tous ensemble nous fêtons.
Cra : Lorsque nous voyons toutes les difficultés qu’il y a au pays après 50 ans d’indépendance, comment l’expliquez-vous à la jeune génération ?
M.B.: Les 50 ans de la RDC ne se limit- ent pas à une fête. C’est l’occasion de ré- fléchir sur ce qui n’a pas été fait en vue de réparer. C’est une réflexion pour toute la nation congolaise pour l’avenir de nos enfants et petits enfants pour leur éviter ces incommodités.
Cra : Cela fait presque 30 ans que vous êtes dans la musique. Comment voyez-vous l’évolution de notre musique?
M.B.: C’est surtout le manque d’évolution du côté féminin qui fait grise mine. A l’époque, il y avait très peu de femmes mais aujourd’hui, bien qu’il y en ait plus, nous sommes malheureusement au regret de constater qu’il n’y a toujours pas de parité. Il faudrait également des encadreurs pour celles-ci. Il y a trop d’hommes… Notre musique est riche tout au tant que nos matières premières. En second lieu, je mettrai l’accent sur les droits d’auteur des artistes. C’est vrai- ment un handicap quoi que de notre côté, les artistes avec notre ministre de tutelle, nous nous réunissons régulièrement à ce propos et la concertation avance. Nous voulons toucher nos droits.
Pour conclure, je résumerai en disant je considère cet événement comme une fête mais aussi comme un moment de prise de conscience et de réflexion. Nous avons tous une part de responsabilité de ce qu’est devenu notre pays. C’est une re- sponsabilité collective et non individu- elle. Si nous voulons que notre pays aille de l’avant, il le sera avec un peu de volo- nté de tout un chacun…
Cra : Autre phénomène du Cinquantenaire dans notre musique, c’est » l’affaire Ngulu ». Comment les autorités peuvent-elles vous être utiles et continuer à vous octroyer des visas tant que ce phénomène continuera à prendre de l’ampleur chez la plupart de nos artistes?
M.B.: Cela dépend entièrement de nous artistes. Nous devons faire en sorte que toutes ses autorités nous fassent confi- ance… lorsqu’un leader arrive avec plus de « Ngulu » que de musiciens, pensez- vous que prochainement, ces pays nous feront encore confiance et délivreront encore des visas? Nous ne pouvons pas les condamner car nous devons d’abord nettoyer devant notre porte!
Cra : Allez-vous rendre hommage à Seigneur Tabu Ley, grand absent de cet événement, lors de votre prestation au BOZAR ?
M.B. : Je suis le meilleur produit du Sei- gneur Tabu Ley. Quand j’interprète « essai yo wapi » ou » Nairobi », je lui fais honneur car je suis son meilleur élève. D’autres artistes lui rendent également hommage et la fête ne finit pas aujourd’hui…
■ Propos recueillis par: Tito Kanza et F. Mpoyicra – Cretroactuel Magazine OCTOBRE/NOVEMBRE 2010 – 71
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